Биографии
Māra ZĀLĪTE
Māra Zālīte nait en 1952 dans le district de Nizhny Ingash, dans la région de Krasnoïarsk, de parents déplacés spéciaux.
Ses parents sont déportés lorsqu’ils ont à peine plus de dix ans : son père, originaire du nord de la Lettonie, seul, en 1942 ; sa mère, originaire du sud, avec ses parents et son frère, en 1941. Son arrière-grand-père maternel est chef de village, activiste social, propriétaire terrien, et fait partie de la milice des Aiszargi. Il est considéré comme une menace potentielle pour le nouveau pouvoir soviétique et se voit condamné aux travaux forcés au Viatlag, où il meurt rapidement. Le reste de sa famille est envoyé en Sibérie.
Māra vit une enfance paisible en déportation. En 1956, ses parents sont réhabilités et ils peuvent rentrer en Lettonie. Mais elle a rayé cette période de sa mémoire. C’est la mémoire de ses parents qui lui reste alors en tête. Elle rend compte, entre autres, de la difficulté à vivre pendant la guerre, entre famine et discrimination, et ranime des personnages qui accompagnaient leur vie en Sibérie, comme celui d’une gentille chanteuse d’opéra anglaise au destin tragique, accusée d’être espionne.
La réinsertion des parents dans la société lettone soviétique n’est pas des plus simples. Māra parvient quand même à devenir femme de lettre, et s’implique dans le mouvement d’indépendance letton. En 2013, elle sort un roman basé sur des éléments autobiographiques, Cinq doigts (letton : Pieci pirksti ; russe : Пять пальцев), et qui connait un succès international.
Aujourd’hui, sans qu’ils parlent du Goulag entre eux, elle conserve un lien fort avec d’anciens déportés ou enfants de déportés de sa génération. Elle porte un regard critique sur la Russie contemporaine et son silence vis-à-vis des déportations et des camps soviétiques.
L’entretien avec Māra Zālīte a été conduit en 2018 par Amine Laggoune et Līva Pūce.