European Memories
of the Gulag

Le témoignage d’Anna Kovatlchouk-Tarassova
« Anna Kovalchuk-Tarasova : Quand Staline est mort, nous sommes devenus libres, mais nous ne sommes pas allés en Ukraine, nous ne sommes pas partis.
Non, nous n’avions pas où aller.
Son mari : Staline est mort en 1952,
Anna Kovaltchouk-Tarasova : non en 1953, et tout de suite, nous n’avons plus eu de commandant. Avant il y avait un commandant, maman y allait. Personne ne nous surveillait là-bas. Nous allions partout, nous devions juste pointer une fois par mois, montrer que nous étions vivants. Voilà.
Et quand Staline est mort, tous ceux qui étaient, comme on dit, un peu plus riches, ceux qui avaient gagné de l’argent, ils sont tous allés où ils voulaient, et nous, nous avions nulle part où aller. Nous n’avions rien.
Lorsque Staline est mort, on a pleuré. On a pleuré. Maman, je ne sais pas, mais sinon il y a eu un grand deuil.
Vous savez, je ne sais pas ce que chacun avait au fond de son âme. Parce que les gens avaient peur de tout, peut-être qu'ils se réjouissaient au fond d’eux-mêmes, mais ils disaient,
oh-oh-oh, pourquoi est-il mort. Peut-être était-ce ainsi.
Son mari : Il était vénéré. Moi, par exemple, Je n'avais rien contre lui, car nous avions gagné la guerre.
Même sa barbarie, on lui trouvait une excuse car il avait gagné la guerre.
Je ne pensais pas qu'il était un quelconque ennemi, tout le monde le considérait comme leur guide.
Anna Kovaltchouk-Tarasova : Vous savez… Nous n’avions ni radio, ni téléphone, nous n’avions rien, nous ne savions rien.
Et nous pleurions, car les gens pleuraient, car nous avions perdu ce guide, ce chef, Staline...
Le mari : Et quant aux coupables... Ce n’est pas Staline qui était le responsable de leur destin.
Aujourd’hui encore, nous pensons que la faute était à nos voisins.
La faute est aux autorités locales.
Staline savait, qu’il y avait des gens comme ça… On peut toujours retourner un ordre comme on veut : faire ainsi ou ainsi. D’autres auraient pu tomber là-bas, qui le méritaient.
Anna Kovaltchouk-Tarasova : Ce n’est qu’après qu’on a pris tout cela en compte, on a compris qui était coupable et qui ne l’était pas. »