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Le voyage du retour

«Le problème était que nous étions 30 femmes au milieu de 2500 hommes. Alors imaginez : circuler librement entre tous ces hommes… on n’osait pas vraiment sortir parce que c’était quand même terrible. Toutes les femmes n’étaient pas jeunes, nous étions une vingtaine de mon âge, les autres étaient plus âgées. Mais quand je franchissais le pas de la porte, les hommes étaient là, dehors, en file : ils voulaient tous faire connaissance. Ils n’étaient pas brutaux mais on n’avait peur quand même, parce que… et de là, on nous a emmenés, nous les femmes, à Kiev dans un très grand bâtiment vide appartenant à l’hôpital.
Quelques jours après, des prisonniers malades ont été logés dans l’autre bâtiment vide, en face du nôtre. En général, ces hommes souffraient de maladies pulmonaires. C’était quand même mieux ainsi : nous étions séparés, chaque groupe avait sa cour délimité par des barbelés à travers lesquels on pouvait se parler. C’était déjà un peu plus intéressant : “D’où tu es venue ? D’où es-tu ? Que vas-tu faire ?”»