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L'arrestation (VE)

«C'était donc tôt le matin, et j'avais entendu des hommes qui allaient dans la maison.

Très pragmatique, ma mère a fourré plein de choses dans les valises, et finalement ça a été très utile une fois en Sibérie.

Mes parents avaient entendu parler des déportations, mais personne ne s’y attendait.

Je me souviens… Quand nous avons été amenés à la gare de Skirotava, il y avait des wagons de marchandises où on entassait les gens. Le soir même, ils ont séparé les hommes des femmes et je crois encore entendre les pleurs des femmes. Ce dont je me souviens le plus, pendant ce long voyage vers la Sibérie, c’est l’odeur de l'eau chaude, expression répétée dans la plupart des récits, tant elle est le symbole du seul “confort” de ces voyages, l’eau chaude que l’on nous donnait à boire dans les gares. Je me souviens des soldats entre les wagons… C’était l’été, il faisait chaud, le voyage était assez confortable. Oui, on nous déportait, mais ma mère était près de moi alors que mon père, lui, avait déjà été pris ».