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L'arrestation

«Les premières personnes qui sont venues étaient deux officiers du KGB, du NKVD bien sûr, et derrière eux de nombreux soldats. Ils étaient courtois, remarquablement amicaux, car on parlait russe. Ça leur allait qu’on parlait russe avec eux, un bon russe. Ils ont aussi fait quelque chose qui s’est avéré désastreux mais ils avaient, sans aucun doute, de bonnes intentions. Après avoir passé plusieurs heures avec nous, le temps que nous empaquetions tout, ils ont appelé mon père et ont dit : “Nous ne pouvons pas vous dire où vous allez, mais ce sera un lieu très difficile, votre fille – ma sœur avait 4 ans –, elle ne survivra pas. Si vous pouvez trouver quelqu’un dans la ville qui puisse la prendre, on ne fera pas attention.” C’était pour bien faire. Mes parents ont discuté, ma mère ne voulait pas la laisser, mon père voulait la laisser à Wilno et ce fut la seule fois dans l’histoire de ma famille où ma mère a cédé devant mon père. En général c’était l’inverse. Je suis allé chercher notre grand-père dans la ville, je l’ai trouvé – le père de ma mère – et il a pris ma sœur. Elle était heureuse, c’était pour elle une grande aventure de savoir qu’elle allait vivre avec lui et pas avec nous. Et ensuite on a été emmenés.»