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Réflexions sur la résistance armée en Lituanie

"Surtout les derniers temps, la lutte était très difficile, vraiment… Tous avaient perdu l'espoir. Toutes les énergies, toutes les idées étaient étouffées… La Lituanie avait trop saigné, comme on dit, beaucoup trop… Nous, ceux qui restions, nous étions prêts à mourir, nous ne croyions plus nous mêmes qu'on arriverait à changer quelque chose. Les temps étaient très difficiles. Je me souviens quand nous marchions en 1945, c'était autre chose, complètement. Partout où tu allais, tous t'invitaient, te respectaient, t'aimaient. Mais après les gens se sont fatigués. Non pas qu'ils se soient fatigués mais ils ont commencé à avoir peur. Presque tous ont été éliminés, il n’en restait plus que quelques uns. Quand tu te rendais chez quelqu'un, il ne voulait plus que tu restes. La lutte des dernières années a donc été particulièrement difficile. On peut dire que ces grandes difficultés ont commencé à partir de 1949. Jusqu'en 1947, les Russes n'organisaient pas d'embuscades, nous étions les maîtres dès la nuit tombée. Mais, plus tard, ils faisaient des embuscades importantes et des nettoyages, ils arrivaient à quelques dizaines de milliers, encerclaient la forêt, allumaient des feux autour, puis passaient la forêt au peigne fin. Ensuite, nous nous sommes séparés en groupes plus grands. En 1945, les groupes comprenaient 20-30 personnes. Plus tard, c'était juste pour garder la résistance armée en vie. Le moral a baissé, chacun comprenait que même si on n'était pas battu, la lutte était perdue. J'ai survécu par miracle, j'ai été touché en tout par sept balles à travers les vêtements et…"