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Après la libération : les Estoniens à Magadan

La libération d'Eela en 1956, comme celle de nombreux détenus du Goulag, ne s'accompagne pas d'un retour immédiat dans son pays d'origine. Contraints légalement de démeurer en exil, ou ayant perdu tout lien avec leurs proches et leur passé, certains anciens prisonniers restent vivre dans les environs des camps. Eela, comme d'autres amis estoniens, passe plusieurs années à Magadan avant de retourner définitivement en Estonie. Cette phase de sa biographie est tout particulièrement riche en photographies, témoignages furtifs des moments heureux.

Entre liberté officielle et maintien obligé des conditions de vie en détention, une petite communauté s'organise. Dans les premiers temps, les détenus libérés habitent dans ces mêmes baraques qui leur servaient de logement lorsqu'ils travaillaient au camp. Avec la relative normalisation des conditions de vie, les intérieurs se meublent et se décorent, les conditions deviennent moins pénibles. Eela et son mari, qui se sont recontrés à Magadan, aménagent au mieux leur logement, protégeant les fenêtres du froid et des brigands, installant du mobilier et des instruments fabriqués à la main.

Le couple profite des beaux jours, de courte durée dans la Kolyma, pour découvrir la nature et la côte. Des excursions, des parties de pêche agrémentent les week-end d'été, et même l'hiver est propice aux promenades. Le cercle des amis estoniens n'hésite pas non plus à se retrouver pour de joyeuses soirées : tout est prétexte à la fête, même le baptême du chat!