Fermer

Juozas Miliautskas

Biographie plus détaillée de Juozas Miliautskas

Juozas Miliautskas naît en 1934 à Vyčius, dans la région de Kaunas. Cette ville était alors la capitale d’une Lituanie indépendante depuis une quinzaine d’années. Il vivait à la campagne avec ses parents, son père était ouvrier, sa mère ne travaillait pas. Il a donc vu passer la guerre dans son village. Son frère aîné est tué au front, alors qu'il est dans l’armée Rouge. Il se souvient des incessants bombardements près de sa maison. Il se souvient aussi quand les Juifs furent emmenés par les Allemands pour travailler dans les forêts. Quand ils furent transportés par camion à Kaunas, où ils furent fusillés dans des tranchées. Et quand ceux qui avaient creusé les tranchées furent, à leur tour, fusillés dans la forêt et brûlés.

Dès 1947, la famille sent la menace de l’arrestation. Un frère de son père a rejoint les «frères des bois», ces Lituaniens entrés en résistance contre les Soviétiques. La famille se cache alors, chez des voisins, des amis, à plusieurs reprises en 1947 et en 1948. C'est finalement le 17 mars 1949 que quatre soldats du NKVD, qui parlaient lituanien entre eux, arrivent. Un Lituanien présente un ordre d’arrestation. Son père est frappé et blessé. Ils sont transportés dans une charette jusqu’à la gare, après avoir pris avec eux un demi-seau de farine. Là, ils sont enfermés dans un wagon de marchandises, lui, ses parents et son frère cadet. Ils y retrouvent vingt familles, sur des châlits, avec un poêle, un peu de charbon pour le voyage, de l’eau chaude prise aux divers arrêts et un poisson salé pour tous. 

Le train les conduit dans la région d’Irkoutsk, où des voitures arrivent de partout pour les disperser. De là, ils sont emmenés en camion jusqu’au village de Jigalovo, puis, en traîneau tracté, ils sont conduits à Tchitchek, 16 km plus loin, au bout de nulle part. Ils exploitent la terre, sont rémunérés en trudodni par le kolkhoze. Ses parents pointent une fois par mois, auprès du commandant. Ils vivent dans une maison de paysans qui, quelques années auparavant, ont été réprimés et arrêtés comme koulaks. Les voisins les aident, avec quelques pommes de terre ou tout autre aide précieuse. Ils continuent à parler lituanien entre eux, mais Iozas apprend le russe avec les jeunes et va à l’école. 

Iozas abandonne le travail manuel pour devenir tractoriste, puis chauffeur, une étape importante dans sa vie qui le dégage des travaux difficiles de la terre et le place dans une situation plus aisée.

En 1956, il est libéré de son statut de déporté spécial, et en 1957, il rentre avec ses parents en Lituanie. Mais il est déjà Sibérien. «Il n’y avait nulle part où vivre», «On n’était plus des leurs.» Au bout de six mois, il décide de retourner d’où il venait en Sibérie et reprend ses activités agricoles.

En 1970, il se déplace à Bratsk, un village transformé à toute vitesse en ville industrielle, dynamisée par la construction d’une immense centrale hydro-électrique qui fera la fierté de l’Union soviétique et où vinrent, pour la construire, des milliers de Soviétiques. Il y réside encore aujourd’hui.