Solidarité Ukraine
INED Éditions. Archives Sonores, Mémoires européennes du Goulag

BioGraphie

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Siegfried Gottschalk


Né en 1929 à Zehdenick, une petite ville à 60 km de Berlin, Siegfried Gottschalk fut arrêté, avec plusieurs amis, tous entre 15-17 ans, peu après la fin de la guerre. Il avait été Jungenschaftsführer (leader d’un groupe de 10-15 jeunes) au sein des Jeunesses hitlériennes. Les agents du NKVD l’accusèrent d’avoir dirigé un groupe terroriste clandestin contre l’armée d’occupation. Apparemment ils pensaient au Werwolf (loup-garou), des unités de résistance mises en place par les autorités nazies contre l'occupation soviétique. Or, il n'en avait alors pas entendu parler.
Refusant d’admettre des crimes qu’il n’avait pas commis, il fut battu et torturé. Sans avoir été condamné il fut incarcéré dans un camp spécial à Fünfeichen (Neubrandenburg).
En ces temps de disette la mortalité y était extrêmement élevé et il était chargé de déblayer des cadavres. En février 1946 il est déporté en URSS. A Brest-Litovsk, après un « examen » médical, on le sépara de son ami de jeunesse qui avait été arrêté avec lui et qu’on renvoya maintenant en Allemagne, le jugeant trop faible pour le travail forcé en Sibérie. Gottschalk est conduit dans un camp du Goulag à Prokop’evsk, dans la région de l’Altaï dit-il (en fait dans le Kouzbass, région de Kemerovo). La mortalité durant le trajet fut très élevée. Les survivants arrivèrent à un endroit où il n’y avait rien et se creusèrent des gourbis, passant les premiers mois à construire des baraques.
Gottschalk travailla alors, pendant deux ans environ, dans une mine de charbon, sous terre. Lors de l’effondrement d’une galerie en 1948 nombre de ses camarades furent tués. Terrifié, Gottschalk refusa désormais de continuer le travail sous terre et fut transféré dans une carrière où il travailla en plein air. Malgré le froid extrême pendant de longues périodes de l’année, il décrit le régime comme moins pesant que dans le camp spécial en Allemagne. Les gardiens ne vivaient souvent pas mieux que les prisonniers et cela donna lieu à des possibilités d’entre-aide. Ayant appris un peu du métier de tailleur (par son père), Gottschalk en profita pour coudre des vêtements pour des camarades, mais aussi pour des gens de l’administration, ce qui lui remportait souvent des privilèges.
En 1950 lui et beaucoup d’autres furent relâchés. Après une étape en Ukraine, près de la frontière polonaise, où ils durent faire encore des travaux de construction, ils furent ramenés en RDA, où il regagna sa famille à Zehdenick. Mais voulant étudier, il aurait dû rejoindre la Jeunesse libre allemande, ce qu'il ne voulait pas, pour ne pas avoir à s'impliquer dans un régime qui l’avait privé de sa jeunesse. Il gagna donc Berlin Ouest.

L"entretien avec Siegfried Gottschalk été conduit en 2011 par Malte Griesse

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