Solidarité Ukraine
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BioGraphie

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Iaroslav  POGARSKI


Iaroslav Petrovitch Pogarski naît en 1940, en Ukraine occidentale. Il voit passer les pouvoirs soviétiques, allemands puis de nouveau soviétiques sans que sa famille y fasse trop attention, jusqu’à un jour d’octobre 1947, où les fonctionnaires de la police politique, le NKVD, viennent les chercher pour les emmener, tous ensemble, à Omsk, en Sibérie. Son père est probablement accusé d’avoir soutenu les nationalistes ukrainiens, les «banderovci», les partisans de Bandera, mais il n'en aura jamais la certitude.

Au début à Omsk, il vit dans des conditions très difficiles. Au bout de deux ans, il est relégué dans un autre village où, enfin, il commence à aller à l’école. Bon étudiant, il réussit à terminer, à l’université technique d’Omsk, ses études supérieures, mais son statut de fils de déporté le maintient dans une position de paria.

Quand son père rentre en Ukraine, en 1957, lui a déjà fait sa vie à Omsk et décide d'y rester. Cependant, il se heurte fréquemment à ses origines de fils de banderovec et, sous la pression de proches, il décide, en 1967, de rentrer en Ukraine. Il arrive dans la partie orientale du pays, depuis longtemps soviétisée et étrangère au mouvement nationaliste banderiste, et le retour pour cet Ukrainien de l’Ouest est difficile. Le contrôle policier est strict et la population locale est hostile. Errant de foyer en foyer de clochards, pendant un an à Kiev, il trouve un véritable emploi dans un sovkhoze à Perejaslav, où il vécut jusqu’à son décès, en juin 2010.

Deux entretiens ont été conduits avec Iaroslav Pogarski en 2009 par Alain Blum.

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Un retour difficile

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Contrée inconnue - Découvrir les bouleaux

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«En avril, il y a encore beaucoup de neige, là-bas. C’est une zone de forêt et de steppe. Une forêt dense, avec des bouleaux blancs et des branches noires. C’est cette image-là que je vois, quand je ferme les yeux. 
Des bouleaux blancs, je n’en avais jamais vus. Chez nous, en Ukraine occidentale, il n’y en a pas. Je ne savais pas qu’il existait des arbres à l’écorce blanche.»  

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Survivre - «Ce n'était pas une vie»

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Sur la photo, une hutte (zemlianka) en Sibérie. C'est ce type de hutte qu’évoque Iaroslav Pogarski dans le second entretien.

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Contrée inconnue - La vieille Kalmyk

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«Je suis tout seul dans cette étable, dans ce froid, le nez glacé, entre alors une vieille Kalmouke, vieille, pas lavée, grise, une Kalmouke sans dents. Les Kalmoukes en général ne sont pas belles, alors les vieilles Kalmoukes. Et je ne savais pas à l’époque qu’il y avait des gens au visage jaune ! Je ne le savais pas ! J’ai eu peur !

Je m’en souviens encore aujourd’hui. J’étais cloué sur place. Je ne pouvais pas la quitter des yeux, je n’avais jamais vu de telles personnes, je ne savais pas que cela existait.

Elle me regarde et me sourit. Je vois qu’elle tient quelque chose dans la main. J’étais affamé, et elle me tend ce qu’elle a dans la main. J’ai compris ensuite que c’était un petit morceau de tourteau, vous savez ce que c’est, on fait cela à partir des céréales, c’est ce qu’il reste, elle avait eu cela. J’ai eu tellement peur de cette Kalmouke, je m’en souviendrai toujours !»

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Survivre - Construire sa zemlianka (sa hutte)

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Sur la photo, une hutte (zemlianka) en Sibérie. C'est ce type de hutte qu’évoque Iaroslav Pogarski dans le second entretien.

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Exclusion

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«Je n’ai pu devenir ni pionnier, ni komsomol, je n’ai pu entrer dans aucune organisation. Vous imaginez, comme c’est douloureux !
Quand les komsomols de la classe se réunissent, moi, Pogarskij, je dois sortir !
Quand la classe va récolter des plantes médicinales, “Pogarskij, tu ne viens pas !”
Quand la classe va nettoyer la rue, “Pogarskij, toi, tu restes ! Seuls viennent les komsomols.”
Vous savez, ça laisse une blessure profonde dans l’âme.
Mon père disait, je me souviens de ses mots, il disait “mon petit, tant que tu peux, étudie ! Toutes les portes sont fermées devant nous. Tant que tu peux, étudie !”

Le fait qu’on ne m’invitait jamais aux manifestations, ça a marqué mon caractère. J’ai fini par les éviter. Quand un collectif se rassemblait, je ne m’en mêlais pas. Je savais que ce n’était pas pour  moi. C’était très dur.

Ça a marqué mon caractère quand j’étais enfant. Ça m’a influencé plus grand et ça continue à m’influencer.»