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La résistance des prisonniers dans les camps
Après 1944, dans les camps, nombreux sont les prisonniers condamnés à des longues peines de travaux forcés pour avoir participé en Ukraine occidentale, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie à la résistance civile et armée contre la soviétisation de leurs pays. L’entrée dans les camps de ces prisonniers politiques, ayant une expérience récente de la guerre et de la lutte clandestine contre le régime soviétique, joua un rôle considérable dans l’augmentation de toutes les formes d’enfreinte au règlement et de résistance : évasions collectives, grèves de la faim, grèves du travail et révoltes. Les problèmes d’ordre et de discipline devinrent progressivement un obstacle majeur au fonctionnement des camps et à la réalisation des plans de production.
Une fois dans les camps, ces prisonniers politiques réorganisèrent les réseaux clandestins sur une base nationale et politico-militaire : organisations ukrainiennes, polonaises, estoniennes, lituaniennes, lettones et organisations composées des anciens de l’armée Vlassov ou des ex-militaires soviétiques. Les organisations avaient plusieurs objectifs : désorganiser les activités des officiers de renseignement en éliminant les informateurs, s’assurer le respect de la part de l’administration et des criminels professionnels, aider les prisonniers les plus faibles au sortir du quartier d’isolement ou des baraquements disciplinaires, et réagir contre les abus des administrations locales en organisant des actions de résistance.
De nombreuses actions de résistance eurent lieu dans les camps jusqu’à la mort de Staline, mais c’est lors des étés 1953 et 1954 que les révoltes furent les plus significatives – celles des camps spéciaux du Gorlag (Norilsk) du Rečlag (Vorkuta) et du Steplag (Djezkazgan) – et mirent le système en grande difficulté.
Texte : Marta Craveri