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Survivre par la déportation
De nombreuses familles polonaises et baltes d’origine juive sont déportées en 1940 et 1941 en raison de leur origine sociale, de leur militance politique et idéologique ou en tant que réfugiés, ayant fui vers l’est la Pologne occidentale occupée par les Allemands. Échoués par la suite en Ukraine occidentale, désormais soviétique, ils se voient proposer la citoyenneté. Ceux qui la refusent sont déportés en Sibérie ou dans le Grand Nord.
Seuls les Polonais peuvent quitter l’URSS à partir de 1942, suite à une amnistie et, en 1945, suite aux accords entre le gouvernement provisoire d’unité nationale de la république de Pologne et l’URSS. Les Baltes eux, devront attendre la mort de Staline pour pouvoir rentrer dans leur pays.
Ce sont ces déportations, qui les éloignent de leur pays d’origine occupés entre-temps par les nazis, qui sauvent une partie d’entre eux de l’extermination. Ce douloureux paradoxe, dont ils prennent conscience à la fin de la guerre, semble mitiger, dans leurs récits, la souffrance de la déportation. Il teint aussi d’ambivalence sa remémoration et la transmission de sa mémoire, et constitue la spécificité de ces parcours dans l’expérience européenne du goulag.
Texte : Marta Craveri