Solidarité Ukraine
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Rester après la libération? (VO - russe)

Question : On n’a pas essayé de vous convaincre de rester ?

Oh beh ça ! Quand on est partis, ils nous ont essayé de nous convaincre : « Si vous avez du mal à vivre là-bas, revenez, on vous paiera le voyage. » Oh, vous savez ce qu’on dit des Russes : celui qui son salaire prend, pendant quinze jours s’offre du bon temps. Ce n’est pas le cas des Lituaniens. Après, ils ont commencé à faire attention au travail. Avant, c’est à nous qu’on donnait le pire travail, c’était mal payé, mais après là où la paie est meilleure, il faut travailler plus, et quand il n’y pas de travailleurs… Ceux qui leur salaire prenaient, pendant quinze jours du bon temps s’offraient… Ils s’endettaient. Ils nous devaient déjà de l’argent, ils devaient payer mais n’avaient rien pour acheter même du pain, ils se fâchaient même. Vers la fin, quand il y avait des marchandises au magasin, les employés regardaient s’ils avaient reçu leur salaire ou pas. Et eux, ils n’avaient pas d’argent, mais nous on achetait ces produits. Donc ils disaient : « Ce sont les Lituaniens qui ont tout acheté, on n’a pas pu en avoir quand on a eu notre paie. »

Question : Qui est-ce que c’était ? Des locaux ou des gens qu’on avait déplacés ?

C’étaient des gens du coin, ou je ne sais pas, là-bas les gens étaient mélangés, vous savez, ils recrutaient un peu tout le monde là-bas.
Au début, il n’y avait aucun Russe, ils sont venus après quand nous vivions déjà dans les petites maisons. Il n’y en avait pas avec nous dans les baraquements.
Il devait y avoir des petites annonces pour cette exploitation forestière, « Recrute travailleurs ». A cette époque, c’était des gens qui sortaient des camps, ce n’étaient pas de très bonnes personnes. On les embauchait, on les payait pour les recruter. Ils devaient travailler là pendant deux ou trois ans. Ils sont restés un peu, ils ont reçu leur argent, et on les a laissés y aller. Ils ont fait leurs bagages, s’ils avaient un enfant, hop, dans les bras, et ils étaient partis. Ils étaient de nouveau embauchés, à un autre endroit.