Solidarité Ukraine
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La révolte d’août 1948 à Vorkuta

« MG. Est-ce qu’on pourrait revenir à Vorkouta et à la révolte, c'est très intéressant. Qu'est-ce que vous avez vécu ? Qu'est-ce qui s'est passé ? C’était donc en août 1948.  
LS. en dehors de ce qui est écrit dans le livre, oui ? oui. Je sais, mais ceux qui vont écouter n'ont pas lu. Donc ils peuvent aussi lire des choses qui sont dans votre livre. Très bien. Mais si vous aller plus loin, allez-y...
Comme tous les jours au travail, nous avons posé des morceaux d’acier par terre, pour construire la ligne de chemin de fer. Comme toujours, nous étions 25 personnes, 2 gardiens, un avec un pistolet et un chien. Ces gardiens étaient des soldats punis, je l'ai compris bien plus tard. Ils n'étaient pas plus chez eux dans la région polaire que nous. Et c'est sur ce rail que se trouvaient les draisines, qui n'avaient que quatre roues et des palettes en dessous, et qui ont été conduites ici. Elles sont aussi utilisées par la boulangerie centrale pour transporter le pain pour la ration quotidienne des camps.
Nous étions donc à ce poste où nous travaillions, et je remarque que je ne comprenais pas du tout ce que font les autres. Je n'ai demandé que ce que je savais dire : woina? (= guerre)
MG. Pourquoi ? il y avait une ambiance bizarre ?
LS. Oui. On m’a dit « Nichts woina ». Quand la draisine avec le pain est arrivée, tout à coup un brigadier et son aide ont disparu. Nous avons regardé combien de pains il y avait. Et eux ont tué les gardiens qui avaient la mitraillette.
MG. Le brigadier ?
LS. Mais l’aide du gardien lui est venu en aide et nous visaient avec la mitraillette. À la fin, les deux brigadiers les ont frappé, et ils sont tous les deux morts. Et il est revenu vers nous. J'étais complètement désemparé, j'avais peur maintenant, d’être le prochain. Et puis nous avons pu emporter autant de pain que nous voulions. Nous avons simplement arraché la clochette de la draisine. Et puis, ensuite, on a vu que les deux morts étaient un des responsables de la sécurité à la direction du camp, ils leur ont enlevé leur uniforme et ont pris leurs armes, et nous sommes retournés au camp. »