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Lettres d'ailleurs

En déportation, dans les coins reculés du Grand Nord russe ou au Kazakhstan, les parents de Micheline Herc reçoivent des lettres venant de Paris, de Châteauneuf-la-Forêt, en France, aussi bien que de Moscou, toutes écrites par des parents. Ces lettres témoignent d’une rare mais réelle circulation entre ces mondes éloignés les uns des autres.
La plus étonnante est sans doute celle qui, partant de Châteauneuf-la-Forêt le 18 mars 1941, arrive au « point Chirbozero, centre postal d’Osinov, district de Priozernyï, région d’Arkhangelsk », un lieu perdu au fin fond de cette région du Grand Nord soviétique. Nous ne savons malheureusement pas combien de temps elle a mis pour arriver. Elle semble avoir été expédiée par l’intermédiaire de la Croix rouge.
Il y a aussi plusieurs lettres envoyées à Saïram, là où Micheline a passé son enfance kazakhe. Les délais sont longs : l’une d’entre elles, écrite le 14 juin 1945 à Paris, passe à Moscou le 12 janvier 1946, à Alma Ata le 12 mars et arrive à destination seulement le 5 avril, après être passée par la censure militaire. Elle a mis un peu moins d’une année pour atteindre sa destination. Micheline Herc la reçut, mais il s’en est fallu de peu, car elle part de Saïram, pour la Pologne, un mois plus tard...
Les lettres envoyées de France le sont par Marie (Mary sur les lettres) Rosenberg, sœur de la mère de Micheline Herc, qui vivait en France.
Figure aussi une lettre d’Ida Radilovski, chanteuse lyrique, épouse de David Radilovski, grand-oncle de Micheline par la ligne maternelle, qui fut directeur du GUM à Moscou (le grand magasin moscovite) après la Révolution. La lettre a été envoyée de Moscou le 10 septembre 1945 et est arrivée le 18 septembre au Kazakhstan.