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Les lieux de la déportation


Les déportés quittent, en quelques heures, une maison paysanne, un logement urbain, et sont entassés dans des wagons à bestiaux. Ils y restent durant un long et pénible voyage en attente de lieux dont ils ignorent l’emplacement et la nature.
Souvent, à leur arrivée, rien n’est prévu pour une installation pérenne. Ils s’entassent dans des baraques, constructions emblématiques du monde carcéral soviétique, mais aussi du monde ouvrier. Ils occupent, parfois, les maisons abandonnées par leurs habitants, eux-mêmes victimes de répression ou partis dans une autre localité. 
Certains déportés sont abandonnés sans autre logement qu’une vieille étable et doivent construire en toute hâte des zemlânki, dont ils apprennent l’existence auprès des populations locales. Ils réussisent ainsi à passer l’hiver avant de pouvoir s’engager dans la construction d’une habitation moins précaire ou de rechercher la location d’une chambre ou d’une partie de chambre auprès des habitants.
Au bout de quelques mois, les nouveaux villages de baraquements, construits avec des outils archaïques et des matériaux de construction précaires – le ciment est remplacé par de la mousse –, surgissent dans le paysage sibérien. Avec les années, ces villages de déplacés se développent : les maisons remplacent les baraques, des écoles, un club de culture, une cantine, etc. apparaissent.
Lorsqu’ils repartent, à la fin des années 1950, certains villages tombent en ruine et les cimetières des déportés sont les seuls lieux de mémoire de ces répressions.
 
Texte : Alain Blum et Jurgita Mačiulytė
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