Mémoires Européennes
du Goulag
BioGraphie
Micheline HERC
Micheline Herc naît en 1937, à Varsovie, où elle vit avec ses parents. Elle a deux ans, lorsque les Allemands et les Soviétiques se partagent la Pologne. Pour fuir les Allemands, ses parents partent à Bialystok, puis à Vilnius. Refusant de prendre la citoyenneté soviétique (son père était prêt à le faire, mais sa mère a fermement refusé), ils sont déportés en juin 1940 dans la région d’Arkhangelsk, où ils résident jusqu’à l’amnistie des Polonais, en août 1941. Ils partent alors vers l’Asie centrale, en train, puis en bateau, pour arriver dans une petite ville près de Tachkent, puis au Kazakhstan, où Micheline vit auprès des Kazakhs, apprend leur langue et participe à leurs activités culturelles et religieuses.
En mai 1946, ils peuvent enfin quitter l’URSS, traversent l’Ukraine dévastée et arrivent en Pologne où ils découvrent que toute leur famille, restée sur place, a été exterminée. Ils vont à Varsovie puis à Łódź. Là, ses parents préparent leur départ vers la France, où un oncle les attend. Ils arrivent à Paris en septembre 1946. Micheline y fera une carrière de médecin en se spécialisant en psychiatrie. Aujourd’hui elle est à la retraite et a repris la peinture : les dévastations de la guerre vues lors de son retour en train, les paysages du Grand Nord russe et les couleurs des steppes kazakhes sont très présents dans ses toiles comme dans ses souvenirs.
L'entretien avec Micheline Herc a été conduit en 2011 par Marta Craveri et Alain Blum.
Refus de la nationalité
et déportation
La mère de Micheline refuse de prendre la nationalité soviétique. Toute la famille est déportée.
Tentatives de fuites
Le père de Micheline a pensé rejoindre l'armée Anders mais ne l'a pas fait. En revanche, ils ont essayé à plusieurs reprises de fuir à l'étranger.
Retour à Łódź; découverte de l'antisémitisme
Micheline Hertc découvre, lors de son retour en Pologne, à Łódź, qu'elle est juive et subit l'antisémitisme.
Retour à Łódź : Découverte du ghetto et de l'extermination
Micheline Hertc découvre, lors de son retour en Pologne, à Łódź, qu'elle est juive et subit l'antisémitisme.
© Micheline Herc Le grand-père de Micheline
© Micheline Herc La grand-mère maternelle, Sarah Model, avec son fils, David, avant la Première guerre mondiale
© Micheline Herc L'arrière-grand-père de Micheline Herc, à Karlsbad, le 15/8/1921
© Micheline Herc L’arrière-grand-père paternel de Micheline Herc
© Micheline Herc Szloma, le père de Micheline et son frère Guttek; années 20. Ce dernier mourra dans le Ghetto de Varsovie
© Micheline Herc Szloma, le père de Micheline, sur le cheval, à Varsovie en 1924
© Micheline Herc Lettre envoyée en 1931 à Paris à la mère de Micheline (Evgenia Model) et sa soeur (Marie Model)
© Micheline Herc Attestation de travail de la mère de Micheline, en France, en 1932
© Micheline Herc Les parents de Micheline juste avant leur mariage, 1932
© Micheline Herc Le père de Micheline, Szloma vers 1932
© Micheline Herc Szloma et Evgenia, père et mère de Micheline, à Varsovie en 1934
© Micheline Herc Evgenia, la mère de Micheline et sa fille en mai 1938 à Varsovie
© Micheline Herc Evgenia, la mère de Micheline Herc, mai 1938
© Micheline Herc
© Micheline Herc
Un passé russe, polonais et français
Avant la Seconde guerre mondiale, la famille de Micheline Herc vit entre Moscou et Varsovie. Ses parents termineront, eux, leurs études en France, où ils se rencontrent, mais repartent en 1932 à Varsovie, où ils se marient et décident de rester. Les membres de cette famille sont commerçants ou industriels: Ainsi, Mikhaïl Model, russe, proche des mencheviks, est vice-président des industries de toutes les Russies, jusqu'en 1922 et possédait trois usines, à Kharkov et Kiev. Il émigre à Dantzig en 1922, où il continue à être industriel.
Josef et Sonia Herc (Hertz), les grands-parents côté paternels. Josef travaillait dans l'industrie de la fourrure en relation avec Londres, avec son père qui avait fait prospéré son industrie. Ils ont été tués à Treblinka.
Le père de Micheline Herc naît à Varsovie, en Pologne, sa mère à Koursk en Russie.
Gutek, un des oncles paternels de Micheline Herc, né en 1911 est avocat international à Londres, mais il rentre à Varsovie en 1940 pour aider ses parents et est tué dans le ghetto. Marian, l'aîné de ses oncles est déporté.
Du côté maternel, David, grand-oncle de Micheline, reste vivre à Moscou, où il est le premier directeur du goum. Sima, sa grand-tante, participe à la bataille de Léningrad. En revanche, Marie Rosenberg, tante du côté maternel de Micheline, était partie en France en même tant qu'Evgenia, mère de Micheline, pour faire des études commerciales (en 1924-25). Elle reste ensuite vivre en France.
© Micheline Herc Recto d'une carte envoyée de Paris, à la mère de Micheline Herc au Kazakhstan, arrivée le 21/11/1945,
© Micheline Herc Verso de la carte précédente
© Micheline Herc Recto d'une carte envoyée de Paris, à Saïram
© Micheline Herc Lettre envoyée le 16/6/1945 de Paris, reçue à Saïram le 5/4/1946
© Micheline Herc Verso de la lettre envoyée le 16/6/1945 de Paris, reçue à Saïram le 5/4/1946, écrite le 14/6
© Micheline Herc Courrier de Ida Radilovski, femme du grand-oncle maternel de Micheline, à la mère de cette dernière, de Moscou à Saïram
© Micheline Herc Lettre de Ida Radilovski, femme du grand-oncle maternel de Micheline, à la mère de cette dernière de Moscou à Saïram
© Micheline Herc
Lettres d'ailleurs
En déportation, dans les coins reculés du Grand Nord russe ou au Kazakhstan, les parents de Micheline Herc reçoivent des lettres venant de Paris, de Châteauneuf-la-Forêt, en France, aussi bien que de Moscou, toutes écrites par des parents. Ces lettres témoignent d’une rare mais réelle circulation entre ces mondes éloignés les uns des autres.
La plus étonnante est sans doute celle qui, partant de Châteauneuf-la-Forêt le 18 mars 1941, arrive au « point Chirbozero, centre postal d’Osinov, district de Priozernyï, région d’Arkhangelsk », un lieu perdu au fin fond de cette région du Grand Nord soviétique. Nous ne savons malheureusement pas combien de temps elle a mis pour arriver. Elle semble avoir été expédiée par l’intermédiaire de la Croix rouge.
Il y a aussi plusieurs lettres envoyées à Saïram, là où Micheline a passé son enfance kazakhe. Les délais sont longs : l’une d’entre elles, écrite le 14 juin 1945 à Paris, passe à Moscou le 12 janvier 1946, à Alma Ata le 12 mars et arrive à destination seulement le 5 avril, après être passée par la censure militaire. Elle a mis un peu moins d’une année pour atteindre sa destination. Micheline Herc la reçut, mais il s’en est fallu de peu, car elle part de Saïram, pour la Pologne, un mois plus tard...
Les lettres envoyées de France le sont par Marie (Mary sur les lettres) Rosenberg, sœur de la mère de Micheline Herc, qui vivait en France.
Figure aussi une lettre d’Ida Radilovski, chanteuse lyrique, épouse de David Radilovski, grand-oncle de Micheline par la ligne maternelle, qui fut directeur du GUM à Moscou (le grand magasin moscovite) après la Révolution. La lettre a été envoyée de Moscou le 10 septembre 1945 et est arrivée le 18 septembre au Kazakhstan.
© Micheline Herc Visa de transit pour la France, via l'Allemagne (recto)
© Micheline Herc Visa de transit pour la France, via l'Allemagne (verso)
© Micheline Herc Certificat de réfugié délivré par l'OFPRA à Micheline Herc (recto)
© Micheline Herc Certificat de réfugié délivré par l'OFPRA à Micheline Herc (verso)
© Micheline Herc
Sortir d'URSS - bureaucratie
Le départ d'URSS est un long voyage, durant lequel il faut obtenir divers papiers pour avoir un statut, passer les frontières. Ici sont reproduits trois documents:
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Un visa de sortie soviétique pour la Pologne
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Un visa de transit pour passer de Pologne en France via l'Allemagne
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Un certificat de réfugié de l'Ofpra
Paris
Micheline Herc arrive à Paris, après un long périple entre le Kazakhstan et la Pologne, où elle ne reste que quelques mois.
Un portrait radiophonique de Micheline Herch
L'émission En sol majeur de Yasmine Chouaki (rfi) le lundi 27 février 2012 est dédiée à Micheline Herch