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La steppe


Nombre de déplacés découvrent les steppes, ces grandes plaines semi-arides, à leur arrivée en relégation dans le Sud de la Sibérie ou le Nord du Kazakhstan. On estime qu’à la mort de Staline en 1953, plus de 600 000 exilés vivaient dans les régions de steppe ouverte du Kazakhstan, où étaient notamment établis d’imposants complexes pénitentiaires comme le Karlag (à Karaganda) ou le Steplag (littéralement « Camp de la steppe »).

La steppe est un environnement qui choque avant tout par ses conditions extrêmes. Nombreux rapportent des écarts de température pouvant atteindre – 40°C l’hiver et + 40°C l’été dans les steppes kazakhes. Les déplacés ayant précédemment connu la relégation dans la taïga sibérienne relatent également une différence majeure entre ces deux environnements : là où la taïga permettait de cueillir certains compléments alimentaires comme des baies dans la forêt, les steppes sont arides et n’accueillent souvent comme seuls végétaux des herbes séchées qui ne permettent pas d’alléger la faim.

La vie de la steppe rythme également le travail des déplacés. Ceux-ci œuvrent le plus souvent dans des mines, de cuivre notamment, ou dans des fermes collectives, en général des sovkhozes. Ce travail dans la steppe est pour certains le lieu de rencontres avec la faune, mais également de confrontation avec le vent, la poussière et les tempêtes, qui marquent les corps et les esprits des déplacés.

Texte: Jeanne Gissinger

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Sonia Bory raconte son arrivée dans les steppes du Kazakhstan du Nord (VO - français)

Sonia Bory, déportée au nord du Kazakhstan (entre 1940 et 1946) avec sa mère, raconte son arrivée dans la région de Pavlodar, la découverte des steppes et la construction de leur maison en terre vierge (celina).

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Zofia Helwing aborde les contraintes de la vie dans la steppe (VO - polonais)

Zofia Helwing, déportée d’abord dans la taïga sibérienne puis entre 1942 et 1944 au Nord du Kazakhstan, se remémore la steppe comme un environnement particulièrement propice à la faim et au froid.

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Zofia Helwing aborde les contraintes de la vie dans la steppe (VF)

Zofia Helwing, déportée d’abord dans la taïga sibérienne puis entre 1942 et 1944 au Nord du Kazakhstan, se remémore la steppe comme un environnement particulièrement propice à la faim et au froid.

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Stella Jankowska se remémore les tempêtes de neige dans les steppes (VF)

 

Stella Jankowska, déportée d’abord dans la taïga sibérienne puis entre 1942 et 1944 au Nord du Kazakhstan, se remémore la steppe comme un environnement particulièrement propice à la faim et au froid.

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La steppe: lieu d'expérimentations nucléaires (VO - russe)

Marju Toom, déportée au Kazakhstan entre 1949 et 1954, explique avoir vu, lors de ses promenades dans la steppe, des « foudres sans tonnerre » au loin. Elle comprendra plus tard que ces foudres provenaient d’expérimentations nucléaires soviétiques dans les plaines du Kazakhstan.

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La steppe: lieu d'expérimentations nucléaires (VF)

Marju Toom, déportée au Kazakhstan entre 1949 et 1954, explique avoir vu, lors de ses promenades dans la steppe, des « foudres sans tonnerre » au loin. Elle comprendra plus tard que ces foudres provenaient d’expérimentations nucléaires soviétiques dans les plaines du Kazakhstan.

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Mirages dans la steppe (VO - estonien)

Valli Arrak, déportée à l’âge de 18 ans, explique avoir à plusieurs reprises vu des mirages dans la steppe, faisant apparaître lacs et maisons là où il n’y avait en réalité que de la plaine.

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Pâturage dans la steppe (VO - polonais)

Józef Albin Jabłonowski, déporté entre ses 8 et 17 ans au Kazakhstan, aide son père à s’occuper des moutons dans la steppe et se confronte aux loups.

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Pâturage dans la steppe (VE)

Józef Albin Jabłonowski, déporté entre ses 8 et 17 ans au Kazakhstan, aide son père à s’occuper des moutons dans la steppe et se confronte aux loups.

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Un sandwich à l'herbe (VO - polonais)

Józef Albin Jabłonowski, déporté entre ses 8 et 17 ans au Kazakhstan, raconte comment, pour tromper la faim, il se préparait des sandwichs à base d’herbes ramassées dans la steppe.

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Un sandwich à l'herbe (VE)

Józef Albin Jabłonowski, déporté entre ses 8 et 17 ans au Kazakhstan, raconte comment, pour tromper la faim, il se préparait des sandwichs à base d’herbes ramassées dans la steppe.

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Travailler au Steplag (VO - russe)

Antanas Seikalis, emprisonné au Steplag au début des années 1950, raconte les conseils que lui ont donné ses codétenus pour accéder à un travail peu pénible. Par la suite, Seikalis décide de changer de travail et devient conducteur d’un camion qui transporte les minerais de cuivre dans la steppe. Ce travail impliquant une exposition à de grandes quantités de poussière, Seikalis attrape la silicose.

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Travailler au Steplag (VF)

Antanas Seikalis, emprisonné au Steplag au début des années 1950, raconte les conseils que lui ont donné ses codétenus pour accéder à un travail peu pénible. Par la suite, Seikalis décide de changer de travail et devient conducteur d’un camion qui transporte les minerais de cuivre dans la steppe. Ce travail impliquant une exposition à de grandes quantités de poussière, Seikalis attrape la silicose.

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Le Karlag - Maladie et travail agricole (VO - russe)

Andreï Ozerovski raconte : «Je souffrais de cécité nocturne… j’avais le scorbut, une bronchite chronique, j’étais dans un état d’épuisement avancé. J’aurais pu y rester ! Je tombais malade tout le temps… j’avais aussi une inflammation du myocarde : 4 maladies en tout. Mais on ne m’a pas inscrit comme invalide, on m’a donné une charge de travail individuelle de 3 ou 4 heures par jour. C’était mon quota, alors que la norme pour les autres c’était 11 heures par jour, et ils en faisaient 12. C’est ça le travail agricole, bon dieu ! Eh oui, au Karlag on vivait, c’était pas pire que dans le monde libre !»

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Le Karlag - Maladie et travail agricole (VF)

Andreï Ozerovski raconte : «Je souffrais de cécité nocturne… j’avais le scorbut, une bronchite chronique, j’étais dans un état d’épuisement avancé. J’aurais pu y rester ! Je tombais malade tout le temps… j’avais aussi une inflammation du myocarde : 4 maladies en tout. Mais on ne m’a pas inscrit comme invalide, on m’a donné une charge de travail individuelle de 3 ou 4 heures par jour. C’était mon quota, alors que la norme pour les autres c’était 11 heures par jour, et ils en faisaient 12.

C’est ça le travail agricole, bon dieu ! Eh oui, au Karlag on vivait, c’était pas pire que dans le monde libre !»

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Rester: Andreï Ozerovski et son attachement à la mine, libre (VO - russe)

Andreï Ozerovski: «Je suis arrivé à Karaganda en 1960, je me suis marié en 1955, et en 1956 notre fille est née. En 1960, je suis donc arrivé ici et je me suis fait embaucher à la mine. Je connaissais déjà la mine depuis mes années de camp à Djezkazgan. Mais là, j’étais libre, et il n’y avait pas de gaz, c’était moins dangereux. Aujourd’hui, si je devais recommencer, je retournerais travailler à la mine. Oui, il y a des explosions, les gens peuvent y perdre la vie, oui, c’est dur. Mais aujourd’hui, comme je serais heureux de revoir la mine, ne serait-ce qu’une demi-heure. Moi j’adore regarder les mineurs. Je suis très profondément attaché à la mine !»

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Rester: Andreï Ozerovski et son attachement à la mine, libre (VF)

Andreï Ozerovski: «Je suis arrivé à Karaganda en 1960, je me suis marié en 1955, et en 1956 notre fille est née. En 1960, je suis donc arrivé ici et je me suis fait embaucher à la mine. Je connaissais déjà la mine depuis mes années de camp à Djezkazgan. Mais là, j’étais libre, et il n’y avait pas de gaz, c’était moins dangereux. Aujourd’hui, si je devais recommencer, je retournerais travailler à la mine. Oui, il y a des explosions, les gens peuvent y perdre la vie, oui, c’est dur. Mais aujourd’hui, comme je serais heureux de revoir la mine, ne serait-ce qu’une demi-heure. Moi j’adore regarder les mineurs. Je suis très profondément attaché à la mine !»