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La steppe
Nombre de déplacés découvrent les steppes, ces grandes plaines semi-arides, à leur arrivée en relégation dans le Sud de la Sibérie ou le Nord du Kazakhstan. On estime qu’à la mort de Staline en 1953, plus de 600 000 exilés vivaient dans les régions de steppe ouverte du Kazakhstan, où étaient notamment établis d’imposants complexes pénitentiaires comme le Karlag (à Karaganda) ou le Steplag (littéralement « Camp de la steppe »).
La steppe est un environnement qui choque avant tout par ses conditions extrêmes. Nombreux rapportent des écarts de température pouvant atteindre – 40°C l’hiver et + 40°C l’été dans les steppes kazakhes. Les déplacés ayant précédemment connu la relégation dans la taïga sibérienne relatent également une différence majeure entre ces deux environnements : là où la taïga permettait de cueillir certains compléments alimentaires comme des baies dans la forêt, les steppes sont arides et n’accueillent souvent comme seuls végétaux des herbes séchées qui ne permettent pas d’alléger la faim.
La vie de la steppe rythme également le travail des déplacés. Ceux-ci œuvrent le plus souvent dans des mines, de cuivre notamment, ou dans des fermes collectives, en général des sovkhozes. Ce travail dans la steppe est pour certains le lieu de rencontres avec la faune, mais également de confrontation avec le vent, la poussière et les tempêtes, qui marquent les corps et les esprits des déplacés.
Texte: Jeanne Gissinger