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Les LANGUES
Les langues, leur apprentissage, leur pratique, voire leur perte, sont des marqueurs importants des expériences de déportation.
Elles sont souvent un moment de rencontre avec de nouvelles langues, qu’il s’agisse du russe que les enfants apprennent à l’école et emploient entre eux, ou des langues d’autres populations déportées, qui font parfois l’objet d’un apprentissage mutuel entre déplacés ou prisonniers.
Mais la déportation pose aussi l’enjeu de la sauvegarde (voire de l’apprentissage pour les tout jeunes enfants) de la - ou des - langues natales, qui pour de nombreuses familles représentent une appartenance, un lien à une culture, à un territoire, ainsi qu’un patrimoine à transmettre aux plus jeunes. Elles peuvent être multiples, tant ces populations vivaient sur des territoires divers. En Lituanie par exemple, on pouvait parler lituanien, yiddish, polonais, russe ou biélorusse. Les conserver, les transmettre, est aussi vu comme un acte de résistance à la russification ou la soviétisation.
Pour ceux qui le choisissent, le retour de déportation est aussi un retour à la langue. Les personnes déportées à un jeune âge ou nées en déportation, doivent de leur côté, souvent réapprendre ou perfectionner cette langue acquise dans la familiarité des échanges privés.
Enfin, après le retour et la réinsertion, se pose la question de la transmission aux générations futures de ces multiples langues, porteuses d’une histoire personnelle, familiale et politique.
Texte : Jeanne Gissinger