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Les  LANGUES


Les langues, leur apprentissage, leur pratique, voire leur perte, sont des marqueurs importants des expériences de déportation.

Elles sont souvent un moment de rencontre avec de nouvelles langues, qu’il s’agisse du russe que les enfants apprennent à l’école et emploient entre eux, ou des langues d’autres populations déportées, qui font parfois l’objet d’un apprentissage mutuel entre déplacés ou prisonniers.

Mais la déportation pose aussi l’enjeu de la sauvegarde (voire de l’apprentissage pour les tout jeunes enfants) de la - ou des - langues natales, qui pour de nombreuses familles représentent une appartenance, un lien à une culture, à un territoire, ainsi qu’un patrimoine à transmettre aux plus jeunes. Elles peuvent être multiples, tant ces populations vivaient sur des territoires divers. En Lituanie par exemple, on pouvait parler lituanien, yiddish, polonais, russe ou biélorusse. Les conserver, les transmettre, est aussi vu comme un acte de résistance à la russification ou la soviétisation.

Pour ceux qui le choisissent, le retour de déportation est aussi un retour à la langue. Les personnes déportées à un jeune âge ou nées en déportation, doivent de leur côté, souvent réapprendre ou perfectionner cette langue acquise dans la familiarité des échanges privés.

Enfin, après le retour et la réinsertion, se pose la question de la transmission aux générations futures de ces multiples langues, porteuses d’une histoire personnelle, familiale et politique.

Texte : Jeanne Gissinger

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Des enfances multilingues : Sonia Bory (VO en français)

Sonia Bory (déportée de Wołożyn en Pologne avec sa mère et son frère) revient sur les multiples langues (russe, yiddish, polonais, biélorusse, hébreu) qu'elle parlait, côtoyait et apprenait durant son enfance, avant la déportation de sa famille au Kazakhstan.

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Des enfances multilingues : Anna Barkauskienė (VO en russe)

Anna Barkauskienė, déportée en 1941 de Kaunas, aborde les multiples langues (russe, lituanien, yiddish) qu'elle parlait lors de son enfance en Lituanie, puis dans l'Altaï en déportation.

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Antanas Kybartas : La langue russe comme outil de survie (VO en russe)

Antanas Kybartas, déporté en 1947 de Lituanie, raconte que son grand-père, qui parlait bien le russe, est parvenu à négocier avec les soldats soviétiques venus les envoyer en déportation. Ainsi, la famille Kybartas parvient à partir en déportation avec deux cochons, des outils de menuiserie et un édredon.

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Antanas Kybartas : La langue russe comme outil de survie (VF)

Antanas Kybartas, déporté en 1947 de Lituanie, raconte que son grand-père, qui parlait bien le russe, est parvenu à négocier avec les soldats soviétiques venus les envoyer en déportation. Ainsi, la famille Kybartas parvient à partir en déportation avec deux cochons, des outils de menuiserie et un édredon.

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Aldona Okrug : L'apprentissage du russe à l'arrivée en déportation (VO en russe)

Aldona Okrug, déportée en 1949 de Lituanie, raconte l'apprentissage du russe à l'école après son arrivée en déportation.

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Bogdan Klimcak : Apprendre le russe à partir de l'ukrainien (VO en ukrainien)

Dans cet extrait, Bogdan Klimcak, ukrainien déporté en 1946 car le village où il vivait avec sa famille allait être remis à la Pologne, raconte son apprentissage des langues en déportation. Il aborde un événement où sa professeure d'école lui a demandé en russe pourquoi il ricanait et que, ne comprenant pas ce qu'elle disait, il a continué à sourire, ce qui lui a valu des réprimandes de sa professeure.

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Bogdan Klimcak : Apprendre le russe à partir de l'ukrainien (VF)

Dans cet extrait, Bogdan Klimcak, ukrainien déporté en 1946 car le village où il vivait avec sa famille allait être remis à la Pologne, raconte son apprentissage des langues en déportation. Il aborde un événement où sa professeure d'école lui a demandé en russe pourquoi il ricanait et que, ne comprenant pas ce qu'elle disait, il a continué à sourire, ce qui lui a valu des réprimandes de sa professeure.

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Austra Zalcmane apprend le russe (VO en russe)

Scolarisées, Austra Zalcmane et ses sœurs éprouvent dans un premier temps de grandes difficultés à s’intégrer aux classes russophones. Elles bénéficient de l’aide de leur mère, qui parle couramment le russe depuis la Première Guerre mondiale. Vraisemblablement, la mère d’Austra s’etait réfugiée à l’Est durant ce conflit, comme de très nombreux Lettons, et y avait acquis des compétences linguistiques.

Grâce aux devoirs supplémentaires effectués sous l’autorité maternelle, les filles devinrent rapidement les meilleures élèves de leur école. 

 

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Antanas Kybartas : Grandir en russe (VO en russe)

Antanas Kybartas, déporté en 1947 de Lituanie, raconte sa vie d'enfant déporté dans la région de Tioumen. Il explique que tous les enfants, quelles que soient leurs origines, parlaient russe entre eux.

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Antanas Kybartas : Grandir en russe (VF)

Antanas Kybartas, déporté en 1947 de Lituanie, raconte sa vie d'enfant déporté dans la région de Tioumen. Il explique que tous les enfants, quelles que soient leurs origines, parlaient russe entre eux.

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Grigori Kovaltchouk : Apprendre l'ukrainien en déportation (VO en russe)

Grigori Kovaltchouk, déporté depuis l'Ukraine occidentale avec sa mère, ses frères et sa sœur à la sortie de la guerre, raconte comment il a appris d'un côté l'ukrainien, auprès de sa mère, et de l'autre le russe, à l'école.

Transcription

Votre mère vous parlez ukrainien ?
Oui, toujours, elle m’a toujours parlé en ukrainien. Moi, je ne suis jamais allé en Ukraine, mais j’ai appris l’ukrainien avec ma mère. Ce n’est pas l’ukrainien littéraire, mais l’ukrainien familier. Je le maîtrise très bien. En 1964, lorsque je suis allé la première fois en Ukraine, je communiquais très bien avec les autres. Je me souviens d’un épisode, il y avait un journal sur la table et mon oncle me demande de lire quelque chose. Je n’avais jamais appris l’ukrainien mais j’ai réussi à traduire cet article de l’ukrainien en russe. Peut-être par intuition, mais sans problème. Il est vrai que je ne parle pas l’ukrainien littéraire, mais l’ukrainien familier.

Cela vous a-t-il frappé de parler ukrainien à la maison et le russe à l’école ?
Oui je l’ai ressenti quand je suis allé à l’école, mais il y avait très peu de familles russes “de souche” (chisto russkie), je ne me souviens que d’une seule, celle de notre contremaître, mais tous les autres étaient des exilés.

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Grigori Kovaltchouk : Apprendre l'ukrainien en déportation (VF)

Grigori Kovaltchouk, déporté depuis l'Ukraine occidentale avec sa mère, ses frères et sa sœur à la sortie de la guerre, raconte comment il a appris d'un côté l'ukrainien, auprès de sa mère, et de l'autre le russe, à l'école.

Transcription

Votre mère vous parlez ukrainien ?
Oui, toujours, elle m’a toujours parlé en ukrainien. Moi, je ne suis jamais allé en Ukraine, mais j’ai appris l’ukrainien avec ma mère. Ce n’est pas l’ukrainien littéraire, mais l’ukrainien familier. Je le maîtrise très bien. En 1964, lorsque je suis allé la première fois en Ukraine, je communiquais très bien avec les autres. Je me souviens d’un épisode, il y avait un journal sur la table et mon oncle me demande de lire quelque chose. Je n’avais jamais appris l’ukrainien mais j’ai réussi à traduire cet article de l’ukrainien en russe. Peut-être par intuition, mais sans problème. Il est vrai que je ne parle pas l’ukrainien littéraire, mais l’ukrainien familier.

Cela vous a-t-il frappé de parler ukrainien à la maison et le russe à l’école ?
Oui je l’ai ressenti quand je suis allé à l’école, mais il y avait très peu de familles russes “de souche” (chisto russkie), je ne me souviens que d’une seule, celle de notre contremaître, mais tous les autres étaient des exilés.

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Jaan Isotamm : Une université des langues dans le camp (VO en russe)

Dans cet extrait, Jaan Isotamm, arrêté en 1956 et emprisonné dans des camps de travail pour prisonniers politiques, raconte avoir vécu l'organisation dans le camp d'une sorte d'université informelle entre détenus, qui s'apprenaient mutuellement l'histoire, la littérature et des langues.
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Jaan Isotamm : Une université des langues dans le camp (VF)

Dans cet extrait, Jaan Isotamm, arrêté en 1956 et emprisonné dans des camps de travail pour prisonniers politiques, raconte avoir vécu l'organisation dans le camp d'une sorte d'université informelle entre détenus, qui s'apprenaient mutuellement l'histoire, la littérature et des langues.

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Austra Zalcmane : le réapprentissage de la langue lettonne (VO en russe)

Après son retour en Lettonie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Austra Zalcmane retourne dans une école lettone. Mais elle a oublié le letton et obtient de mauvaises notes en dictée. Processus inverse de celui connu en Sibérie, mais symboliquement plus douloureux, l’apprentissage de sa langue natale, devenue étrangère, est favorisé par son institutrice, qui fit preuve d’une grande patience et d’une profonde sympathie à son égard.

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Sandra Kalniete : L’oubli du russe au retour de déportation (VO en français)

Sandra Kalniete, née en déportation en 1952, raconte avoir, dès son arrivée en Lettonie, totalement oublié le russe qu'elle avait appris en déportation auprès d'autres enfants. Elle aborde aussi la réticence de ses parents à ce qu'elle parle russe et « perde sa lettonnité ».

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Abram Lešč : Usages du russe et du yiddish après la déportation (VO en russe)

Dans cet extrait, Abram Lešč, qui parlait yiddish dans sa famille avant sa déportation de Lituanie en 1941 vers la république des Komis, aborde la perte progressive de cette langue.

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Abram Lešč : Usages du russe et du yiddish après la déportation (VE)

Dans cet extrait, Abram Lešč, qui parlait yiddish dans sa famille avant sa déportation de Lituanie en 1941 vers la république des Komis, aborde la perte progressive de cette langue.

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Sonia Bory : la non-transmission des langues familiales (VO en français)

Dans cet extrait, Sonia Bory (déportée de Wołożyn en Pologne avec sa mère et son frère) et sa fille, Annie Attia-Bory, abordent la non-transmission du polonais et du yiddish aux générations ultérieures. Annie Attia-Bory explique sa surprise lorsqu'elle a appris que sa grand-mère parlait polonais.